De 1481 à 1770

Les Le Roy

Ainsi Guillaume Gouffier, baron de Roannez, seigneur de Bonnivet et de Boissy, sénéchal de Saintonge, époux de Louise d’Amboise. devient propriétaire de Sonnay, sa terre et son fief. Il les apporte alors en dot à sa fille Madeleine Gouffier qui épouse le 16 mars 1481 René Le Roy, Seigneur de Chavigny, conseiller et chambellan du roi Louis XI.

De ce mariage naquirent: Louis, qui suit; Jacques, archevêque de Bourges; Gilles, décédé le 29 mai 1539; Pierre; François, grand aumônier du roi François Ier, mort le 18 octobre 1515; Antoinette, mariée, le 15 janvier 1518, à François de Prunelé, seigneur d’Herbault.

Louis Le Roy, chevalier, seigneur de Chavigny et Sonnay, gentilhomme ordinaire de la chambre du roi et capitaine des Gardes du corps, épouse, en 1515, Antoinette de Saint-Père, fille d’Adam de Saint-Père, chevalier, seigneur de Clinchamp, et de Charlotte de la Haye, avec qui il eut 2 enfants: François, qui suit, et Madeleine, mariée, le 1er juin 1550, à Jean de Rouville.

François Le Roy, chevalier, seigneur de Chavigny et de Sonnay, comte de Clinchamp, lieutenant-général de Touraine, chevalier des ordres du roi et capitaine de ses gardes, capitaine-gouverneur du château de Chinon (1588), épouse, en premières noces, le 12 juin 1545, Antoinette de la Tour, fille de François de la Tour III, vicomte de Turenne, et de Louise de Bologne; et, en secondes noces, en juin 1577, Renée de Bretagne, fille d’Odet de Bretagne, comte de Vertus, et de Renée de Coesmes.
Il mourut, sans postérité, le 18 février 1606, âgé de 87 ans.

C’est donc à la famille Le Roy, riche et puissante, et dont la parenté est proche de Richelieu, que l’on doit les aménagements faits au XVIe siècle, période au cours de laquelle « l’Hôtel tout XV» de Xaincoins se dote d’apports spécifiquement Renaissance dont quelques éléments retrouvés dans l’épaisseur des murs à la fin du XXème ont permis la restitution de détails auxquels il importait de redonner vie.

L’acte de vente à Antoine de La Barre, dressé chez Louis Bouyn notaire à Chinon le 3 mai 1591 précise : « Françoys Le Roy, chevallier des ordres du Roy, conseiller en son conseil d’Estat et privez, cappitaine des antiennes bandes de sa maison, seigneur de Chavigny, conte de Clainchamps et gouverneur des ville et chasteaux dudict Chinon, et y demourant, et haulte et puissante dame Renée de Bretaigne, son espouse, de luy suffisaulment authorizée pour l’effet de ces présentes. »

Le fief de Sonnay reste ainsi dans la famille le Roy pendant un bon siècle, jusqu’au 3 mai 1591, date à laquelle il est vendu par François Le Roy, dernier du nom, à Antoine de La Barre, seigneur d’Anglais (aka Anglée ou Angliers) et Hélène de Razilly son épouse.

Les armes des Le Roy furent « d’argent à la bande de gueules ».

C’est ainsi un autre « picto-angevin » qui en est acquéreur, en la personne de « Antoine de La Barre, seigneur d’Angliers, demeurant à la Brosse, paroisse de Roiffé [Vienne], et demoiselle Hélène de Razilly, son épouse ».
Angliers se situe dans la Vienne, à 9 km au Sud de Loudun, à deux pas du Rougnon, de La Chaussée et de la forêt de Scévolles où avait été érigée dès le Xe siècle la première « motte de Saunay »…

Les La Barre (de) (également orthographiés Delabarre)
Les La Barre (ou La Barre de la Brosse) constituent ainsi une famille de la mouvance angevine, demeurant au Sud de Fontevraud, mais possédant les fiefs loudunais ci-dessus. On trouve des renseignements sur cette famille dans le Registre de Malte, prieuré d’Aquitaine (Bibliothèque de l’Arsenal à Paris) et dans des notes de M. de la Mothe-Baracé d’après les archives de son château du Coudray-Montpensier.

Les armes des La Barre de la Brosse sont « d’argent à 3 lions de gueules, armés, lampassés, couronnés d’or » (selon le Registre de Malte rectifié par d’Hozier).

En acquérant Sonnay, Antoine de La Barre de la Brosse, fils puîné de Jean de La Barre de la Brosse 3ème du nom, crée la branche des Seigneurs de La Barre de Saulnay (Sonnay), et son fils, René de La Barre, chevalier, en hérite en 1620.
Et c’est en 1620 également, le 16 juin, que le même « René Delabarre, escuyer, sieur de Sonnay, demeurant en sa maison seigneurial dudit lieu de Sonnay parroisse de Cravant », achète la « mothe de Sonnay » (ou plus exactement « Le lieu et haulbergemant de la Mothe sittué près ledit lieu de Sonnay ») à « honneste personne Noël Petibeau marchant demeurant à Lisle Bouchard parroisse Sainct Gilles, lequel tant pour luy que pour Marye Dupuy sa femme ».

De cet acte, 2 choses importantes sont à retenir :
– le « lot de « la mothe, situé près ledit lieu de Sonnay » n’appartenait plus au même propriétaire que l’hôtel particulier de Xaincoins… Depuis quand ? Et comment avait-elle pu échoir entre les mains de cet « honneste Petibeau » …
– les Delabarre sont dits dans l’acte « demeurer en (leur) maison seigneuriale » de Sonnay. Il est donc permis de leur imputer les importantes restaurations qui furent apportées à la fin du XVIIème siècle, lorsque toutes les fenêtres du rez-de-chaussée furent transformées en portes-fenêtres en plein cintre, perron courrant sur toute la façade Sud et plantation d’une belle allée lui faisant face…

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C’est également sans doute à eux que l’on doit l’implantation d’une basse-cour ouverte entre le contrebas du château au Sud et la route : deux grands corps de bâtiment pouvant faire 2 corps de métairies séparés car ayant chacun leur cour et entrée séparées sans communication avec la principale cour du château.

Et s’il était encore nécessaire de prouver le lien qui unit les Maillé à Sonnay, constatons que ce René de La Barre épouse Françoise de Maillé, fille d’Elie de Maillé seigneur de la Guéritaude descendant de Gui de Maillé, 3° fils de Hardouin VIII baron de Maillé évoqué précédemment, auteur de la branche des seigneurs de La Guéritaude pour en être le premier seigneur connu.
Le domaine formait un fief relevant de Montbazon, la plus célèbre des forteresses construites par le Grand-Bâtisseur Foulques Nerra, dont il se situe à 2 kms.
N’oublions pas davantage que « dame Isabelle de Maillé, seigneur de Narcay et de Sonnay » fille de Payen 1er de Maillé et de Jeanne de Brézé, épouse de Geoffroy de Saumoussay, avait fondé en août 1372 une chapelle en l’église de Cravant, ni qu’elle était de l’illustre famille du Templier Jacquelin de Maillé mort glorieusement à Tibériade en 1187.

Françoise de Maillé apportera la Guéritaulde en héritage à son époux René de La Barre, ainsi que… 12 enfants parmi lesquels :
– François de La Barre, chevalier Seigneur de la Gueritaude & de Saulnay,
– Léonor, dit « haut et puissant seigneur messire Léonore de La Barre, baptisé à Cravant le 24 avril 1638, fait parrain à Cravant le 25 mars 1657, devenu Chevalier de Malte en 1657 et chevalier de Saint-Jean de Jérusalem en 1666,
– Claude,  chanoine en l’Église Collégiale de Chinon (Saint-Mexme),
– Gabriel, suite,
– & Madeleine, Françoise et Marie, toutes trois religieuses…
(Tome 1 du Dictionnaire Historique et Généalogique des familles du Poitou par Joseph Beauchet-Filleau).

Et pourtant, en dépit de ces engagements peu prometteurs pour la postérité, la présence des La Barre à Sonnay dure de 1591 à 1770, soit pendant près de 2 siècles, avec :
Hercules de La Barre, filleul de Hercules de Maillé, qui hérite de son père René de La Barre,- puis François de La Barre, chevalier, seigneur de la Gueritaulde et de Saunay, qui hérite en 1658 de son père Hercules de La Barre.
Épousant Renée-Louise Aubéry, il eut plusieurs enfants au nombre desquels
– un chevalier de Malte (René-Gabriel en 1680), commandeur de Guélian, également chevalier de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem,
– puis Louis Éléonor Alphonse de La Barre, né vers 1672, chevalier, seigneur de la Gueritaude, Saulnay et autres lieux, qui hérite en 1676 de son père François de La Barre.
Il sera lui aussi chevalier de Malte en 1684, à l’âge de 12 ans.
– puis Louis René de La Barre, seigneur de la Gueritaude et de Saunay, qui hérite en 1738 de son père Louis Éléonor Alphonse de La Barre.

La filiation s’arrête alors, par manque d’hommes, et ce sont 2 sœurs : Louise Jacquette Françoise de La Barre et Marie Anne Louise de La Barre –Maillé, qui héritent le 27 juillet 1770 de leur frère Louis René de La Barre –Maillé.
Ainsi cette famille de La Barre reste dans le sillage des familles de traditions poitevine et angevine, dévouées à la cause de Malte et de Saint Jean de Jérusalem, au point de donner en 6 générations : 2 chevaliers de Malte & de Saint Jean de Jérusalem, 1 chevalier de Malte, 1 chanoine, 1 jésuite et 3 religieuses, auxquels il convient d’ajouter un ascendant Calixte de La Barre, chevalier de Malte, commandeur de Châlons-sur-Saône en 1530.

Nous l’avons abondamment vu, la famille de La Barre est propriétaire de la seigneurie de la Guéritaulde à Veigné et de celle de Sonnay à Cravant, mais si les 12 enfants de René de La Barre furent tous baptisés à Cravant, un seul d’entre eux, Hercules, fut inhumé à Cravant, et tous les autres sans exception furent baptisés et inhumés non pas à Cravant mais à Veigné.
Il est donc permis de penser que depuis la mort d’Hercules en 1658, les Delabarre habitèrent essentiellement le château de la Géritaude et que Sonnay fut alors moins fréquenté… à moins que, comme l’explique l’historien Denis Jeanson, il ne s’agisse d’un système faisant que le chef de famille habite la Guéritaulde et son fils, marié, Sonnay ; celui-ci revient ensuite à la Guéritaulde et laisse Sonnay à son fils ; et ainsi de suite…

Ainsi s’expliquerait la mise en vente en 1770 par Françoise et Louise de La Barre, filles sans descendance néanmoins héritières de leur frère René.
Car la terre est vendue, tout en restant dans la famille… à un certain Jacques-Alexandre Becquet du Vivier, qui devient ainsi Becquet de Sonnay, époux d’une arrière petite-nièce des sœurs de La Barre par la branche Boisard : Cécile Galichon de Courchamps, dame de Courchamps et de Rochemenier, en terres encore et toujours angevines.…